Waisea Nayacalevu : « Je ne comprends pas pourquoi Toulon le libère ! »
Waisea Nayacalevu : « Je ne comprends pas pourquoi Toulon le libère ! »
Le mardi 3 juin 2025 à 1:44 par David Demri
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Dimanche soir, Jiuta Wainiqolo a offert une dernière prestation mémorable au stade Mayol, réalisant un essai spectaculaire contre Bordeaux-Bègles. Cette performance a rappelé à tous l’impact que son départ du RC Toulon à la fin de la saison représente.
En slalomant entre six défenseurs tel un funambule sous pression, l’ailier fidjien a captivé le public. Dans les tribunes, l’émotion était palpable, tandis que sur le terrain, son talent brut se déployait sans artifices. À 26 ans, ce champion olympique de rugby à 7 (Tokyo 2021) laisse derrière lui bien plus que ses 34 essais sous les couleurs varoises : un vide, une aura, et une énergie solaire qui illuminaient tant le terrain que les vestiaires.
Son compatriote et capitaine, Waisea Nayacalevu, a été élogieux à son sujet.
Il s’est confié à L’équipe. Extrait :
« On est croyants, tout ce qu’on accomplit, notre pouvoir sur les choses on sait c’est à Dieu qu’on les doit. Plutôt que de se gonfler d’ego, on se doit d’être humbles et reconnaissants envers le créateur. Jiuta, lui, il se crée des opportunités à partir de rien grâce à sa capacité de réaliser des crochets sans décélérer. Il fait ça depuis tout petit aux Fidji, où il jouait au foot. Et puis il a cette faculté visuelle hors norme pour estimer la vitesse de ses opposants et adapter ses trajectoires en conséquence. Ça le rend létal dans les défenses. »
Cependant, malgré ses exploits, Wainiqolo ne sera pas retenu par le club et rejoindra Lyon dès le 1er juillet.
Une décision qui soulève des interrogations, comme l’a confié Marius Domon :
« Jiuta possède un instinct incroyable. Quand tu joues face à lui à l’entraînement, il faut être plusieurs pour le défendre. En un-contre-un, c’est tellement difficile, il arrive toujours à se sortir de situations compliquées. Ça fait bizarre de le perdre à la fin de la saison. »
Son importance a encore été mise en lumière dimanche, alors qu’il a contribué à deux reprises au score de Toulon grâce à ses actions décisives. Les supporters regrettent son départ, d’autant plus que la concurrence à son poste l’a souvent limité en temps de jeu, malgré son investissement constant.
En mars, il avait évoqué les raisons de son départ en se contentant d’un mot : « JIFF », insinuant que la réglementation concernant les joueurs non formés en France avait joué un rôle significatif.
Au sein de l’équipe, Wainiqolo était perçu comme un moteur de bonne humeur.
Waisea Nayacalevu s’interroge encore sur la décision de Toulon de laisser filer son compatriote. Extrait :
« J’ignore pourquoi Toulon le laisse partir, mais je sais que Jiuta en a été très affecté, très triste. Il est attaché à Toulon, il est reconnaissant à ce club de lui avoir permis de révéler son talent. C’est là qu’il a démarré sa carrière pro. C’est un mec solaire qui diffuse de bonnes vibrations. Il met les gens à l’aise, s’intègre partout et avec tous. Il montre aussi la voie du travail car bien qu’il soit super talentueux, il est très humble et c’est gros bosseur. Je sais qu’il apportera beaucoup de lumière à Lyon. »
Un proche du joueur a confirmé, via L’équipe, que cette situation a profondément touché Jiuta. Extrait :
« Il était toujours aussi souriant devant les autres mais parfois lors des repas, il avait des absences, on sentait que ça le minait. »
La trajectoire de Wainiqolo a aussi été marquée par des moments d’une grande pudeur. En février 2022, il apprend dans le bus vers Brive que son père est en train de mourir. Cachant ses larmes sous une casquette, il joue le match et marque un essai, avant que son père ne décède dans la nuit. « Le coach (Franck Azéma) a pleuré avec moi », avait-il partagé.
Après avoir effectué le voyage aux Fidji pour l’enterrement, il était de retour à l’entraînement dès le lundi suivant. « Mon père était un travailleur et il m’a transmis ça », avait-il expliqué.
Cette fidélité, cette force intérieure, cette lumière, voilà tout ce que Jiuta Wainiqolo laisse derrière lui. Et si des larmes ont coulées au stade Mayol dimanche soir, c’est parce que l’on sait qu’une âme aussi rare est irremplaçable.
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