Vincent Etcheto : « À Toulon, ils étaient prêts avec de la moutarde pour servir des fourchettes »
Vincent Etcheto : « À Toulon, ils étaient prêts avec de la moutarde pour servir des fourchettes »
Le samedi 17 mai 2025 à 16:34 par David Demri
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Ce samedi, le journal [L’Équipe](https://www.lequipe.fr/Rugby/Article/Intimidation-superstition-concentration-comment-les-joueurs-de-rugby-vivent-les-dernieres-minutes-avant-d-entrer-sur-le-terrain/1562357) a publié un reportage sur les intimidations qui se manifestent entre les joueurs dans le tunnel des vestiaires, juste avant le début des matches.
Le Bordelais Jean-Baptiste Dubié s’est exprimé en premier sur cette dynamique. Il a déclaré :
« Généralement, on se démerdait pour ne pas être côte à côte avec les joueurs adverses, car le chemin est quand même long. Je n’ai jamais connu d’animosité, comme à une autre époque, mais s’il y avait eu le rugby il y a trente ans dans ce couloir, ce serait parti en couilles je pense, tellement c’est long. (Rires.) »
Arthur Vincent, joueur montpelliérain, a abordé le rôle des remplaçants qui encouragent les titulaires à la sortie du vestiaire. Il a mentionné :
« Ça t’apporte un dernier bol de courage et de détermination. Quand toi tu es remplaçant, tu sais aussi que c’est un moment où il faut être là, donner toute son énergie. Vannes, tu as la tête comme ça car tu as le biniou dans le couloir ! À Bayonne, tu entends la Pena, à Toulon, le Pilou-Pilou, tu essaies de rester dans ta bulle mais c’est compliqué. »
Vincent Etcheto a partagé de ses souvenirs des matches au Stade Mayol. Il s’est remémoré :
« En tant que joueur, j’en ai un souvenir assez compliqué. En plus, c’était mon premier match en équipe première avec l’Aviron Bayonnais. Il y avait des mecs avec de la vaseline partout sur le visage, ça sentait le Dolpic (baume pour chauffer les muscles), il y en avait quelques-uns qui avaient de la moutarde au bout des doigts pour mettre des fourchettes. Et puis les gens qui tapaient des pieds au-dessus du tunnel, ça faisait un de ces bruits ! Il y a eu des épisodes où les lumières se sont éteintes, où des bagarres sont parties. Il y avait de l’intimidation, du vrai chambrage, c’était une autre époque, il n’y avait pas la télé. »
Eric Champ confirme également que les joueurs de Toulon ressentaient une certaine peur. Il a confié :
« En vérité, on avait la même trouille qu’eux. Ça se voyait peut-être moins parce qu’on jouait un rôle mais on allait faire pipi comme eux avant le match. À Toulon, le public aimait beaucoup quand on laissait entrer les adversaires en premier. L’équipe adverse s’y attendait, mais c’était pour leur souhaiter la bienvenue au stade Mayol quoi ! Mais ça s’est vite su, et là, il a fallu que j’aie le lacet défait et que je dise à l’arbitre que je ne pouvais pas entrer tout de suite. Mais ça n’a pas duré longtemps non plus. »
Demba Bamba, pilier droit, a également partagé son approche avant le coup d’envoi d’un match. Il a précisé :
« Je pense à ma performance. Je sais que ma famille et mes proches me regardent, je pense aussi à eux. Et j’essaie d’impressionner mon vis-à-vis. Je tourne la tête et je le regarde. Si par malheur, il me regarde, c’est le dernier qui baissera les yeux. C’est un duel et ça commence dès le tunnel. Parfois, je vois aussi des petits flashes qui vont arriver dans le match. Et parfois, ça se passe vraiment ! Par exemple, je m’imagine faire une percée et ça arrive ensuite. »
Quant au troisième ligne de Montpellier, Billy Vunipola, il admet ne pas vouloir croiser le regard de son vis-à-vis dans le couloir. Il a déclaré :
« Je ne suis pas du genre à scruter le vis-à-vis du regard, je perdrais trop de concentration là-dessus. Je sais que les duels vont vite arriver, donc pas la peine de se défier du regard avant, il y aura de quoi faire sur le terrain. L’avant match dont je me rappelle le plus, c’est la demi-finale de la Coupe du monde 2019, contre la Nouvelle-Zélande (gagnée 19-7 par l’Angleterre). Normalement, je suis au fond, relax, mais là, j’étais le premier à entrer sur le terrain : c’était le soir de ma 50e sélection. J’étais vraiment effrayé. Je n’osais pas regarder derrière moi, je ne voulais pas que les Néo-Zélandais voient que j’étais nerveux. On sentait l’énorme pression sur toutes les épaules, ce silence, tout le monde super concentré. C’était le calme avant la tempête. »
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