Écarté des médias, Melvyn Jaminet fait pourtant un retour remarqué sur les terrains de Top 14. À seulement 25 ans, le natif d’Hyères, qui compte 20 sélections en équipe de France, s’est reconstruit à l’ombre des projecteurs pour redevenir une pièce maîtresse du Rugby Club Toulonnais, avec des ambitions qui semblent aller au-delà.

D’un tumulte à une forme d’apaisement

Après avoir été suspendu en raison de propos racistes tenus lors de la tournée du XV de France en Argentine, Jaminet a vécu une phase difficile. Confronté à une profonde remise en question, l’arrière varois a fait le choix de rester discret.

« Il a pris des coups mérités sur la tête, mais il a pris en maturité. Il apporte un vent de fraîcheur. Maintenant, j’ai surtout envie qu’on parle de rugby », indique Pierre Mignoni, son manager, dans un entretien avec Midi Olympique.

Sur le terrain, ses performances parlent d’elles-mêmes. À son retour à Mayol, il a reçu un accueil chaleureux du public, et Jaminet a rapidement montré qu’il était prêt à performer. Sa précision au pied reste intacte, mais c’est véritablement dans son jeu ballon en main qu’il affiche de réelles améliorations.

« Je lui demande de prendre des responsabilités notamment sur les contre-attaques… Il a aussi de la vitesse à nous apporter », souligne Mignoni. « Je veux le voir animer notre jeu… C’est intéressant de le retrouver ici. »

Les statistiques parlent pour lui : cinq essais en onze matchs, avec une influence grandissante sur les actions offensives du RCT. « C’est vraiment le hasard », admet Jaminet avec un sourire. Toutefois, dans le rugby, le hasard ne demeure jamais longtemps.

Une mue personnelle, une ambition retrouvée

Ce retour à la lumière s’appuie sur un travail acharné. « Quand tu enchaînes les blessures, c’est toujours compliqué de bien revenir… Là, je n’étais pas blessé donc j’ai pu m’entraîner dur. Je me sens plus explosif. »

Sur le plan physique, Jaminet est plus affûté que jamais, mais son état d’esprit a également évolué. Pendant sa suspension, il a appris à s’exprimer, notamment devant des jeunes. « Je suis un garçon plutôt renfermé… Je n’avais jamais parlé devant autant de monde, et peut-être, inconsciemment, que cela m’a libéré. »

Cette libération se ressent sur le terrain. Plus vocal et engagé, l’arrière semble avoir gagné en assurance, franchissant une étape cruciale dans son développement.

Objectifs personnels, rêves tricolores

Derrière les projecteurs, Melvyn Jaminet nourrit des ambitions élevées.

Selon Midi Olympique, il vise un record symbolique : dépasser Jonny Wilkinson, icône du RCT, au classement des meilleurs marqueurs du club. Bien que la route soit encore longue — 287 points en 27 matchs face aux 1884 points de l’Anglais — son intention est claire.

Mais au-delà de cet objectif, une autre tunique l’obsède : celle du XV de France. « Quand tu y goûtes, tu y penses encore… J’ai encore des preuves à faire sur le terrain et en dehors… J’ai envie de vous répondre : pourquoi pas. » Bien que Fabien Galthié n’envisage pas immédiate réintégration, Jaminet reste déterminé.

À Toulon, il est redevenu ce qu’il aspire à être : « un simple joueur de rugby ». Toutefois, derrière cette simplicité apparente, se cache un compétiteur plus mature, plus fort, et prêt à retrouver ce qu’il a un jour effleuré.