Toulon et le tournant du rugby français : Les coulisses d’un transfert emblématique
Toulon et le tournant du rugby français : Les coulisses d’un transfert emblématique
Le mercredi 14 mai 2025 à 2:14 par David Demri
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En 2009, Toulon a révolutionné le Top 14 en enrôlant Jonny Wilkinson, un transfert jugé improbable, marqué par des blessures, des rebondissements inattendus et la vision audacieuse de Mourad Boudjellal.
Ce recrutement, réalisé alors que Toulon venait de retrouver l’élite, a été marquant pour l’histoire du rugby français, avec la signature d’un des plus grands joueurs mondiaux, Jonny Wilkinson.
Derrière cette décision, se cachent un enchaînement d’intuitions, des négociations secrètes et un président déterminé : Mourad Boudjellal.
Selon Midi Olympique, les coulisses du recrutement de Wilkinson sont désormais révélées.
À l’époque, Wilkinson sortait d’une série de blessures, rendant son retour au haut niveau incertain. Beaucoup de clubs, y compris des géants comme Toulouse ou Clermont, déclinent alors l’offre.
Seules Bayonne et Toulon acceptent de le rencontrer.
Laurent Quaglia, l’ancien agent du joueur, se remémore le début des discussions :
« Je travaillais avec des joueurs de Newcastle, ce qui m’a permis de le rencontrer. Après quelques échanges, son père et lui me disent qu’ils veulent tenter l’expérience en France. Le premier club à qui j’en parle, c’est au Racing 92, entraîné par Pierre Berbizier à l’époque. Sauf que Jonny ne voulait pas rencontrer de clubs avant que la saison, sa dernière en Premiership, ne démarre. »
La première approche avec Toulon est perçue comme une simple formalité. « Je pense qu’ils sont venus par politesse », reconnaît Boudjellal. Mais très vite, l’atmosphère évolue. « C’était complètement fou de vouloir le faire venir. Mais quand j’ai su qu’il était sur le marché, j’ai foncé », se souvient l’ancien président.
Il mise sur le prestige du joueur et le symbole qu’il représente. « Soit il peut encore jouer, et c’est le meilleur joueur du monde qui vient chez nous, soit l’assurance maladie le paiera. Dans les deux cas, c’est une bonne affaire. »
Un déjeuner en bord de mer, une météo peu engageante et un rendez-vous discret… puis un moment délicat. Lors d’une rencontre entre Toulon et Perpignan, Wilkinson se rend au stade. Une promesse de loge tranquille est vite compromise. « On s’arrête au milieu de la foule… Jonny se retrouve avec les supporters, qui le reconnaissent bien évidemment », se remémore Quaglia.
Cet épisode non prévu refroidit l’ouvreur anglais.
Malgré cela, Boudjellal ne renonce pas. Quelques jours plus tard, un contrat arrive dans la boîte mail de Wilkinson. À la surprise générale, les discussions continuent. « Mourad a rajouté certaines choses comme une voiture pour sa femme, des billets d’avion pour son père… Je n’ai rien eu à faire (rires) », raconte l’agent.
Le 8 mai 2009, Jonny Wilkinson signe officiellement au RCT, coïncidant avec le maintien du club en Top 14.
Avant toute annonce officielle, une ultime étape se profile : la visite médicale. « Ça a duré quatre heures. Ils lui ont tout fait, tout vérifié », révèle Quaglia. Ce feu vert médical sera le point de départ d’une aventure extraordinaire.
Cinq saisons plus tard, Wilkinson prend sa retraite en légende : 141 matchs, 1881 points, six finales, trois titres… et une place indélébile dans le cœur des supporters varois. L’histoire d’un pari audacieux, devenu un chef-d’œuvre.
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