Samedi soir à Décines, le rêve d’une finale s’est évanoui pour le RC Toulon, lourdement battu par une Union Bordeaux-Bègles réaliste et inspirée (39-24). Malgré une saison régulière en nette progression et une seconde place longtemps à portée de main, les Varois ont souffert d’une accumulation de détails mal maîtrisés et d’une usure physique notable.

Le club de la Rade a traversé une deuxième moitié de saison solide, bâtie sur un jeu soigné et une montée en puissance collective. Toutefois, l’énergie dépensée lors du barrage contre Castres (52-23) a clairement pesé dans la balance. Jérémy Sinzelle a confié avec sobriété : « Le fait d’avoir disputé un barrage n’est pas anodin. On y a laissé des plumes ».

Face à une UBB plus fraîche, déjà qualifiée pour les demi-finales, la différence s’est fait sentir dès l’heure de jeu. Teddy Baubigny a déclaré : « On a un peu craqué autour de la soixantième minute, d’autant qu’il y a eu de longues séquences de jeu… » Ce moment clé a été fatal : deux essais bordelais en trois minutes (Penaud, puis Lamothe) ont pratiquement scellé le sort du match (36-10, 55e).

La frustration était palpable parmi les Toulonnais, pleinement conscients d’avoir manqué de précision dans les moments décisifs. Sinzelle a déploré : « Face à cette équipe bordelaise qui entreprend beaucoup, il fallait mieux sortir de notre camp, ce qu’on n’a pas fait. Il fallait mieux tenir le ballon sur nos temps forts, nous n’y sommes pas parvenus… On a pas su inverser la pression ».

Malgré un essai héroïque de Tuicuvu à la 63e minute, alors que le RCT jouait en infériorité numérique après un carton jaune pour Halagahu, Toulon n’a jamais semblé capable de renverser la situation. Cinq essais concédés, trop d’erreurs techniques, un manque de maîtrise et une organisation parfois désordonnée : ces problèmes récurrents cette saison se sont manifestés au pire moment. « Nous étions un peu trop larges. Et on a tenté la passe de trop », a reconnu Sinzelle, lucide.

Teddy Baubigny a ajouté : « Nous aurions dû mieux sortir de notre camp, on a commis quelques fautes, on s’est mis à défendre, à défendre, à défendre, et le carton jaune nous tue un peu ».

Dans les vestiaires, l’amertume était palpable, mais il n’y avait pas de place pour la résignation. Pierre Mignoni, calme mais ferme, a tenu à replacer les événements dans leur contexte : « Notre équipe a progressé… On vient de disputer une demi-finale de Top 14 et ça fait longtemps que ce n’est pas arrivé à Toulon ». La dernière apparition du club à ce niveau remontait à 2017.

L’entraîneur du RCT voit en cette campagne une étape vers la reconstruction : « Nos leaders prennent de plus en plus d’épaisseur, mais notre équipe n’est pas encore là où on espère qu’elle sera ».

Un sentiment partagé par Baubigny, tourné vers l’avenir : « La saison prochaine, il nous faudra commettre moins d’erreurs, être mieux en place, plus disciplinés, plus précis. On est quand même très contents de notre saison même si nous n’avions pas imaginé un tel scénario en demies ».

Ainsi, Toulon quitte la compétition sur une note amère mais avec des espoirs d’avenir. Les fondations sont posées, reste à construire une équipe capable de franchir ce dernier palier.